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Paroles !… Paroles !…

Lundi 6 Février 2017

​​Communiqué n°249 - Semaine 6



Le Mouvement Normand n’a pas été déçu de la visite de Bernard Cazeneuve, Premier ministre, en Normandie, car nous n’en attendions rien…
En effet, que pouvait espérer la Normandie d’une attention particulière d’un chef de gouvernement intérimaire, dont, quels que soient les résultats des élections présidentielles et législatives, les jours sont comptés et les moyens en grande partie bloqués ? C’est d’ailleurs ce contexte qui explique la venue de M. le Premier ministre : il s’agissait pour lui, prioritairement, bien qu’il s’en défendît, de rassurer ses ouailles, c’est-à-dire les cadres du Parti Socialiste, secoués par la réussite du frondeur Hamon aux élections primaires de la Gauche, plus enclins à défendre le bilan de MM. Hollande et Valls qu’à céder aux sirènes d’un socialo-gauchiste… Il s’agissait aussi de donner un coup de pouce aux Élus socialistes sortants, qui vont se représenter, peut-être même, pour lui-même, de préparer son retour devant les électeurs de Cherbourg. Tout cela est normal et ne nous offusque pas. Au fond, cela ne nous intéresse pas trop, alors que le devenir de la Normandie reste le sujet essentiel de nos préoccupations.
Alors, la venue de Bernard Cazeneuve en Normandie serait donc un non-événement ? Nous le craignions et nos craintes ne sont pas dissipées. Pourquoi ? Parce que, mis à part quelques brimborions de rallonge budgétaire (sur lesquels nous reviendrons), on est loin des espèces sonnantes et trébuchantes accordées aux projets d’autres régions. Les projets essentiels de la Normandie n’ont guère reçu le commencement d’un début de véritables financements. La déshérence dans laquelle l’État tient la Normandie depuis des décennies ne se dément pas. Le Mouvement Normand considère que la Normandie a pris et continue à prendre trois décennies de retard en matière d’infrastructures : elle se marginalise chaque jour davantage par rapport aux grands flux et ce n’est pas pour rien que France 3, récemment, dénonçait le « trou normand ». La situation est grave : elle devient désespérée. Et ce qui nous afflige, c’est que nos Élus, même s’ils ne s’en accommodent pas, ne se révoltent pas comme ils le devraient et continuent à se tirer dans les pattes au lieu de « chasser en meute ».
Point de financements significatifs, donc des paroles en l’air, des vaticinations inopérantes, des poncifs éculés et rien de concret. Cette chanson, nous ne la connaissons que trop et nous n’accablerons pas outre mesure M. Bernard Cazeneuve d’avoir suivi les traces de ses prédécesseurs…

La visite du Premier ministre a-t-elle pour autant été inutile ? Nous ne le pensons pas car elle n’insulte pas l’avenir.
Expliquons-nous : les précédents Gouvernements du quinquennat Hollande ont systématiquement travaillé CONTRE la Normandie.
En faisant des choix qui éliminent la Normandie de leurs préoccupations :
  • Sur le plan ferroviaire, choix des autres chantiers (T.G.V. – Est, T.G.V. Le Mans – Rennes, T.G.V. Sud-Ouest, Liaison Lyon – Turin, etc.)
  • Sur le plan fluvial, précipitation (électoraliste) avec laquelle l’État s’est engagé pour la réalisation du Canal Seine – Nord – Europe, avec effet d’assèchement des fonds européens pour tout autre projet d’infrastructures de ce type en France.
En retardant aussi – pour des raisons politiciennes – tous les projets concernant la Normandie qui avaient été lancés par le quinquennat précédent (la complicité des dirigeants socialistes des ex-demi-régions de haute et de basse Normandie est totale, coupable et inadmissible…)                                
 
Nous avons dit plus haut que Bernard Cazeneuve n’avait pas insulté l’avenir. En effet, avec une certaine habileté et la courtoisie qui est sa marque, Bernard Cazeneuve a prononcé une sorte d’acte de contrition :
  1. L’Axe Seine est une idée datant du quinquennat Sarkozy
  2. La mise à l’écart d’Antoine Rufenacht, en tant que Commissaire de l’Axe Seine, n’a pas été élégante et, surtout, après 2012, a encalminé le dossier.
  3. L’Axe Seine est bien une priorité nationale.
  4. Ce dossier intéresse toute la Normandie et tous les ports de la Normandie (C’est reconnaître que l’Axe Seine ne se réduit pas au couloir séquanien et comprend aussi la Baie de Seine et la façade maritime de la Normandie).

Voilà un changement de ton important qui montre que l’actuel Premier ministre « du passé ne fait pas table rase » et qu’il possède une vision géopolitique du devenir normand. Il reste à espérer que son successeur à Matignon, quel qu’il soit dans quelques mois, retiendra cette leçon de bon sens et en tirera les conclusions qui s’imposent et qui s’appellent « financements ciblés » et « volonté politique d’aboutir ».

Pour conclure et ainsi sortir du dossier crucial de l’Axe Seine, Bernard Cazeneuve est intervenu sur divers problèmes (ce que nous appelons les brimborions de la complaisance ministérielle) :
  • un programme d’investissements de 200 millions d’euros, cofinancé par l’État, la Région, la Métropole de Rouen – Normandie et l’Union Européenne (quelle est la part de chacun ?) : il s’agit de gagner un mètre de tirant d’eau dans la partie maritime de la Seine afin de permettre l’accès au Port de Rouen de navires plus importants.
  • une contribution de l’Etat de 4 millions d’euros pour le dock flottant de réparation navale de Rouen.
  • un avenant, dans le Contrat de Plan, pour une aide supplémentaire de 7 millions d’euros pour la reconversion du site de Pétroplus, à Petit-Couronne.
  • diverses interventions en faveur du développement des ports de Honfleur, Caen et Cherbourg.
  • Et, bien entendu, on nous ressert les 720 millions d’euros pour l’achat de nouveaux trains (déjà programmés et annoncés depuis belle lurette).
Nous n’avons rien entendu concernant la participation de l’État pour la réalisation du contournement Est de Rouen (normal ! Ce n’est pas écrit dans le Schéma stratégique pour le développement de la Vallée de la Seine alors que c’était un des objectifs annoncés de l’Axe Seine…) et, surtout, Bernard Cazeneuve n’a pas voulu s’engager sur le thème des compensations préalables en faveur de la Normandie à propos de la réalisation     précipitée et pharaonique du Canal Seine – Nord – Europe.
Tout cela est bien insuffisant et il est sans doute préférable si l’on veut retrouver un certain optimisme de s’appesantir sur les promesses du Premier ministre concernant Bayeux :
  • Transformation du Musée de la Tapisserie de la Reine Mathilde en un véritable Centre d’interprétation médiévale centré sur l’art et l’histoire des mondes normands des Xe et XIe siècles. Pour un projet de 20 millions d’euros, porté par la Région Normandie et les collectivités locale et départementale, l’État va contribuer cette année pour 700 000 euros et, dans un second temps, pour 1,7 million d’euros.
C’est peu, mais c’est toujours ça d’obtenu…

Au regard de l’ampleur des nécessaires rattrapages auxquels la Normandie devrait prétendre, disons carrément que les interventions de l’État dans cette Région sont dérisoires. L’État n’a plus d’argent, nous dit-on, mais il en a trouvé pour d’autres Régions, sans doute mieux défendues par leurs Élus. C’est une leçon pour tous les Normands qui, loin de se réveiller, manquent singulièrement d’ambitions. Nous attendons particulièrement de l’Exécutif régional qu’il réclame une véritable renégociation du Schéma stratégique du développement de la Vallée de la Seine, ainsi que l’exigence d’une gouvernance de ce dossier qui ne soit plus entre les mains d’un haut fonctionnaire désigné par le Premier ministre (parce que l’Axe Seine, c’est d’abord l’affaire des Normands et de leurs représentants). Même exigence pour la gouvernance des ports de l’entente HAROPA. L’État a trop montré son incapacité à mener une politique maritime adaptée aux nécessités des usagers des ports. Mais ceci est une haute histoire…

Didier PATTE, porte-parole et ancien Président du Mouvement Normand

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